Sur le thème "Vivre ensemble en rural", cette cinquième journée de visite s'est déroulée le mardi 22 janvier 2019. Direction St Hilaire la Gérard, Sées, le Mêle sur sarthe, St Aubin d'Appenai, avant la soirée grand public à Essay. Retour en vidéo, et émission de RCF Orne :
Le thème proposé a été défini par Mgr Habert lors de son intervention de la soirée : « il s’agit de notre capacité à vivre ensemble dans contexte de pluralisme qui est le nôtre ». Les différentes rencontres de cette journée ont illustré cette définition.
De nombreuses personnes sur le territoire du pays de Sées se mobilisent pour rendre ce vivre ensemble concret, et permettre des rencontres.
Cette association a été créée en 2019, à l’initiative d’un instituteur à la retraite, M. Bonhomme. Cette association a pour objet le développement des loisirs éducatifs et l’accompagnement scolaire. Elle est active dans les communes rurales entre Sées et Carrouges, entre Alençon et Argentan. Elle propose des activités éducatives. Grandir Ensemble Autrement s’engage pour que les enfants et leur famille s’épanouissent en espace rural. En favorisant également les activités communes avec les aînés des villages, elle créé un lien social indispensable et accessible à tous. Elle répond à des besoins autant d’accompagnement à la scolarité que d’activités de loisirs éducatifs. En s’intéressant de près à l’espace rural local, à la fois dans le contenu et dans la forme que prennent les activités, l’association est un véritable facteur de lien social à la campagne
L’association est affiliée à la ligue de l’enseignement et est reconnue par la Caisse d’allocation familiale comme espace de vie sociale. La Caf reconnaît aussi l’association au titre d’un contrat local d’accompagnement scolaire.
L’association n’a pas de local et organise les activités dans différents villages : Mortrée, Montmerrei, St-Hilaire-la-Gérard, Fontenay-les-louvets ou encore Le Cercueil.
Les ateliers permettent la communication entre enfants d’âges différents et venants de communes différentes. Ils permettent aussi de lutter contre la solitude des aînés. L’association fait le lien avec la vie locale : l’atelier pyrogravure a, par exemple, réalisé les panneaux d’indication des circuits de randonnée d’un village.
Lors de ses recherches de fin d’études, Louise Sagot, géographe, cherchait à comprendre les ressentis de la population face à l’évolution des espaces ruraux. Pour cela, elle a suscité l’échange pour découvrir quels sont les désirs des habitants. Elle a installé du 12 au 22 août 2014 une cabane sur une remorque de tracteur, qu’elle a appelé ORNI : Objet de récolte de nouvelles idées. Pendant 10 jours, elle a installé toute une journée l’ORNI dans un village différent.
Cette initiative a montré que l’attente des habitants était celle de la création d’un lieu de solidarité. Avec le soutien du comité intercommunal d’animation du pays de Mortrée, Cinétraction est né en 2015. Tous les 2è et 4è vendredis de chaque mois, de septembre à mars, une projection de film est proposée dans une commune différente. Chaque soirée se décline de la même façon : projection, discussion, collation. L’échange se prolonge parfois assez longuement autour de la collation. La projection est toujours en lien avec la ruralité, si possible aussi en lien avec ce qui se passe sur le territoire de la commune où le documentaire est projeté. Ce temps de convivialité est ponctuel, mais régulier.
La maison Colin
Gaël Avenel, maire de Montmerrei, initiateur de la Maison Colin. Il a pu s’installer comme agriculteur et passer en agriculture biologique. Ayant grandi à la campagne, il a conscience que pour les jeunes, la campagne peut être perçue comme une « prison de verdure », sans aucune activité. Montmerrei est un « village rue » dont le reste des habitations est très dispersé. Il est très difficile de voir les jeunes qui y résident. C’est surtout un village dortoir.
Elu maire en 2014 Gaël réfléchit à la construction d’une maison communale, qui permette de renforcer les liens au sein du village. L’opportunité du rachat d’une fermette « la maison Colin » se présente et la commune l’achète. Cette ferme comprend, en plus du bâtiment d’habitation, une assez grande grange, une cave, une étable et quelques petites étables.
Le projet est de transformer la grange en salle polyvalente avec mezzanine pour différentes occasions, de créer un espace pour les adolescents, rendus acteurs et responsables du lieu, pour les impliquer dans la vie du monde rural. La maison Colin pourra servir de local pour des associations de découverte du territoire, de point de vente pour des produits locaux, de café associatif. L’idée est de créer un lieu social, de solidarité. Un relai d’assistantes maternelles pourrait aussi s’y installer. Il faut arriver à mobiliser à travers des espaces de rencontre, différents, à travers l’art par exemple. C’est à la collectivité de créer le lieu, mais il faut arriver à ce que les habitants du territoire se prennent en charge et le fassent vivre. Gaël souhaiterait que la communauté de communes embauchent 1 ou 2 animateurs qui s’investissent sur le territoire et sur le projet.
La gendarmerie et les maires : comment garder du lien dans les villages
58 communes sont couvertes par 3 brigades de gendarmerie. Ces brigades n’interviennent pas sur l’autoroute. Les gendarmes essaient actuellement de se rapprocher des habitants, de renouer des contacts plus humains, moins administratifs. 80% du travail de gendarmerie concerne le social. C’est un des derniers services publics encore présent sur les territoires ruraux, avec des horaires d’ouverture importants
Les permanences des mairies ne sont plus fréquentées, les démarches qui s’y faisaient avant se font maintenant soit sur Internet, soit à un autre niveau administratif. Il faut inventer des choses pour que les habitants viennent à la mairie. Dans les communes, la solitude des habitants est importante. Les gens se renferment sur eux-mêmes.
Les sapeurs-pompiers du Mêle-sur-Sarthe
La caserne du Mêle-sur-Sarthe compte 36 sapeurs-pompiers volontaires et 40 jeunes sapeurs-pompiers. Elle couvre 18 communes. Elle forme 2 sections de jeunes sapeurs-pompiers (JSP), dont l’une au sein du collège public du Mêle. Les formateurs sont bénévoles, reconnus comme encadrants.80 % des sapeurs-pompiers du Mêle sont passés par la formation JSP. C’est une formation au risque de sécurité civile. La caserne est un lieu de vie pour tous ceux qui le souhaitent : le 31 décembre, un repas est organisé pour tous ceux qui sont seuls. Toutes les générations se retrouvent. La caserne du Mêle se caractérise par la convivialité, le sens du service et son côté familial.
Les JSP sont formés au secourisme, ainsi qu’à l’incendie et aux accidents domestiques. Ils font aussi du sport. Ils sont présents lors des cérémonies officielles. Cela donne aux jeunes une culture administrative, le sens du civisme, de la citoyenneté. Ils ne font aucune intervention.
Le secours à la personne s’est beaucoup développé. Les familles sont éclatées, les personnes âgées restent plus longtemps chez elles. Les personnes sortent de l’hôpital trop vite… Plus de la moitié des interventions « secours à la personne » ont un caractère social (ex. relever une personne âgée). Les normes empêchent le « secours spontané ». Les pompiers sont une sorte d’entonnoir des appels… C’est l’un des derniers services de proximité encore présent et disponible. La désertification médicale a aussi un fort impact sur l’activité.
L’association «Carrefour européen »
Cette association fédère trois jumelages des villages du pays mêlois (15 000 habitants) avec Falkenstein en Allemagne, Faringdon en Grande-Bretagne et Libcany en République tchèque.
Le jumelage avec Falkenstein a débuté en 1967.Des groupes de jeunes commencent à faire des échanges via l’OFAJ, l’office franco-allemand pour la jeunesse.
La force des jumelages est l’apprentissage de la différence culturelle. En dehors du jumelage, il y a de nombreux échanges, en particulier aux niveaux sportifs et culturels. Les pompiers organisent aussi de nombreux échanges avec les jeunes. Cela permet aussi des échanges de savoirs et de pratiques entre les deux systèmes, y compris au niveau administratif.
Le jumelage avec Faringdon a commencé en 1989. De jeunes familles de Saint-Aubin-d’Apnée cherchaient à ce que leurs enfants puissent pratiquer l’anglais. Les échanges se vivent surtout entre les jeunes, avec le côté sportif. Ces échanges se font en concertation et coordination avec le jumelage allemand.
Le jumelage avec Libcany a commencé aussi en 1989, Le club de football de Libcany souhaitait pouvoir faire un voyage en France. Grâce au club du pays mêlois, un voyage s’organise « avec les moyens du bord ». En 1993, le premier tournoi de football européen est organisé et le jumelage avec Libcany était officialisé. Pour financer les voyages en République tchèque, une troupe de théâtre a été montée, qui donne chaque année une douzaine de représentations, bien suivies. Des échanges ont également lieu entre les troupes de théâtre. Cette troupe permet une vraie mixité sociale.
Des amitiés se sont créées, entre familles françaises et des autres pays, mais aussi entre familles françaises, au cours des voyages ou des organisations diverses. Les gens deviennent attentifs les uns aux autres, aux situations familiales.
De nombreuses découvertes étaient au programme de la journée : association Grandir Ensemble autrement, soirées cinéma, maison Collin dans le secteur de St Hilaire la Gérard (Mortrée), gendarmerie et élus à Sées, caserne des pompiers du Mêle sur Sarthe, jumelage du pays mêlois avec 3 pays...
Emission de RCF Orne, réalisée par Hubert Moritz :