15 novembre 2018
Dans les petites communes à faible densité de population, les élus et les associations luttent contre la désertification et les pauvretés qui sont bien présentes sur leur territoire.
Regrouper les forces pour trouver plus de moyens, grâce à la création d’une commune nouvelle
La commune nouvelle de La Ferté en Ouche regroupe 10 anciennes communes. Cette commune nouvelle compte 3300 habitants sur 131 kms2 soit 24 habitants au km2. Elle perd en moyenne 10 habitants par an.
Grâce à la commune nouvelle, monter des projets et offrir plus de services est plus facile. En tant que commune plus importante, La Ferté en Ouche a plus de poids dans les décisions au niveau de la communauté de communes du pays de L’Aigle, puisqu’elle est devenue la 2ème commune de celle-ci. Elle est respectée comme un territoire important.
L’habitat
De nouveaux habitants sont prêts à s’installer sur la commune, mais l’habitat existant est vétuste ou pas adapté. Ils demandent donc à pouvoir construire. Mais la loi ALUR sur l’urbanisme impose de nouvelles règles pour protéger les terres agricoles. Un nouveau plan local d’urbanisme est en cours d’adoption au niveau de la communauté de communes. Les élus de la commune espèrent pouvoir faire adapter une clause permettant de construire dans des hameaux qui comptent moins de 10 constructions. Ces nouveaux habitants permettraient de maintenir les services locaux, par exemple La Postes sur le territoire de la commune. Les élus réfléchissent à la création d’un éco quartier, avec une mixité sociale et générationnelle, avec une dynamique de hameau. La mixité sociale est porteuse de vie dans les villages.
Les transports et la mobilité
12 kms pour un pain, 22 kms pour un plein d’essence, 6 kms pour trouver un arrêt de bus… Pour presque tout, les distances à parcourir augmentent. Le permis de conduire est devenu absolument indispensable L’éloignement est parfois un vrai casse-tête, comme en témoigne Yannick, dont la femme n’avait pas de permis. Ils étaient éloignés de tout. Lui travaillant, sa femme faisait 6km aller-retour à pieds pour emmener les enfants à l’école. Une personne du village, se rendant compte de la situation, s’est proposée pour emmener les enfants.
Les transports scolaires existent, mais sont souvent très peu utilisés par les enfants, que les parents qui le peuvent préfèrent emmener en voiture, ce qui pénalise ceux qui en ont vraiment besoin. Les lignes de bus « régulières » sont trop peu fréquentes et à des horaires qui n’arrangent pas les personnes qui en ont vraiment besoin : les cars circulent régulièrement à vide.
Une initiative de la Mutualité Sociale Agricole : RESO’AP.
Ce service, qui repose sur du bénévolat est une forme de transport à la demande : les personnes adhèrent pour 5 € par an au service et demandent à être transportées 48h à l’avance. Tout le monde peut en bénéficier. Les bénévoles accompagnent pour des rendez-vous, des courses ou des visites. Les demandes de transport sont nombreuses.
Quartier de La Madeleine à L’Aigle : La médiation sociale
Le quartier de la Madeleine à L’Aigle bénéficie d’un programme Politique de la ville en tant que quartier prioritaire. L’image du quartier a changé, ce sont souvent les enfants qui le permettent. Des gens de l’extérieur aussi viennent et la mixité ruralité urbain est positive
Le conseil citoyen du quartier
Ce conseil est une structure liée à la qualification du quartier en quartier prioritaire politique de la ville. Il comprend 15 membres issus du quartier. Il permet un relais entre les habitants et la mairie et propose des activités (terrain de pétanque, city parc : pour le sport, décorations de fenêtres, journée du père Noël, atelier créatif…) et en particulier la fête du quartier qui attire maintenant des personnes qui ne vivent pas à la Madeleine.
Les structures de soutien à la vie du quartier : les médiateurs et pôle d’animation sociale
Le médiateur a pour rôle de créer du lien social, d’apaiser les conflits, d’aider dans des démarches administratives. Il travaille en amont des assistantes sociales, avec un rôle d’aiguillage. Les habitants du quartier les voient tous les jours, ils les connaissent et leur parlent dans la rue, qui est son lieu de travail habituel, pour être présent et visible au quotidien. Le médiateur cherche à rendre les personnes autonomes. Il peut donc accompagner physiquement une personne dans une démarche, mais seulement la ou les premières fois.
Le pôle d’animation sociale est une structure associative qui a été reprise par le Centre Intercommunal d’Action Sociale (CIAS) en 2012. Elle est à disposition de tous et offre beaucoup de services (ludothèque, espace numérique, soutien scolaire…) et activités (café du jeudi, sorties…) pour créer du lien social avec des personnes du quartier mais aussi de la communauté de communes.
Le pôle d’animation sociale travaille beaucoup sur la place des parents et l’autorité : des règles comme « un enfant ne vient pas seul mais accompagné d’un adulte » sont expliquées et imposées pour montrer l’importance de l’autorité parentale, y compris pour les adolescents. Un lien se fait avec la maison de la petite enfance.
L’autre défi à relever est celui de l’illettrisme. Une association spécialisée intervient : LUTILLE
Cette association intervient dans les bassins de l’Aigle et du Perche. L’apprentissage se fait en groupe ou individuellement. Dans le quartier de la Madeleine ou avec des réfugiés, les bénévoles proposent du Français Langue Etrangère (FLE). Des personnes qui sont en contrat d’accompagnement vers l’emploi (CAE) sont orientées vers Lutille pour retrouver la possibilité de lire un mode d’emploi.
Des acteurs au service de la promotion du territoire
La communauté de communes du Pays de L’Aigle cherche à attirer des entreprises et des cadres dirigeants sur le territoire. Elle mise pour cela sur les atouts comme la métallurgie avec l’usine Bohin. La communauté de communes a acheté la partie historique de cette entreprise pour en faire un lieu de tourisme économique. Cet axe de développement touristique fonctionne puisque 15000 visiteurs par an viennent sur le site.
Il faut également accompagner les entreprises et avoir une réflexion stratégique. Faire venir des cadres est une difficulté nationale mais L’Aigle a des atouts comme les infrastructures, et la présence de la fibre optique, mais il faut le faire savoir et se fédérer. Il faut aussi proposer un emploi aux conjoints des entrepreneurs ou collaborateurs des entreprises qui viennent s’installer. Un site internet dédié a été créé. Le télétravail se développe, les personnes ne pourront pas travailler de chez elles s’il n’y a pas la fibre, et donc ne s’installeront pas sur le territoire.
JPG vidéo, une entreprise qui bénéficie de la fibre optique.
Le fondateur de cette a trouvé un tissu économique local dense au niveau des entreprises. Le souci était le manque de rapidité pour charger des vidéos sans la fibre (plus rapide d’apporter directement à Paris). Le centre 100 % fibre qui accueille cette entreprise, et d’autres, a été construit par la communauté de communes pour attirer des entreprises qui ont besoin du très haut débit internet. Depuis la fibre JPG Vidéo a gagné 30% de chiffre d’affaire. 5 personnes y travaillent à temps plein et elle embauche 1 personne par an.
La mise en avant du pays d’Ouche par l’office du tourisme
Cette dimension complète l’accompagnement des entreprises, car celles-ci et leurs collaborateurs cherchent aussi à vivre dans un lieu vivant. Eux et les visiteurs veulent vivre une expérience. Différents projets voient le jour : acquisition d’un étang avec activités innovantes, une voie verte, des animations sur le territoire. Une marque a été créée : Ouche en Normandie, afin de communiquer sur les atouts, mettre en valeur les activités, montrer qui est proposé.