20 novembre 2018
La thématique de l'agriculture sera reprise lors d'une seconde visite
Un haras qui se transforme
L’ancien haras des Cruchettes a été vendu à un prince qatari et a pris le nom de Al Shahania Stud France.
Pierre Julienne a fondé le haras des Cruchettes. Il a commencé comme prestataire de services pour des propriétaires, avec la congélation de semences et les transferts d’embryons. Il a ensuite proposé du débourrage. Beaucoup de chevaux sont la propriété de personnes dont ce n’est pas le métier. C’est pourquoi de nombreux professionnels s’installent pour être à leur service, comme prestataires.
Jean-Benoît Lemoine, par exemple est prestataire de services pour le débourrage. Pour lui, qui a aussi une activité d’entraineur et driver, cette prestation de services est une manière d’avoir un revenu plus sécurisé. Au départ, il a du se faire connaître. Il a pu fidéliser des clients, et aujourd’hui, il emploie 2 personnes pour l’aider dans son activité.
La filière cheval est reconnue comme agricole depuis les années 70, du point de vue fiscal, social, juridique et financier. Cela permet à la filière d’avoir accès au foncier agricole. Les relations avec le monde agricole est bon, malgré une forme de tension autour du foncier. Le rapport de l’homme à la terre est toujours particulier et profond.
Pour les jeunes qui cherchent à s’installer, cela reste difficile s’ils n’ont pas de terres. Ils commencent souvent en location. Accéder au foncier est une question d’opportunité et de financement. Les SAFER (Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural) privilégient souvent l’installation de jeunes et le regroupement des parcelles.
L’avenir des courses, source importante de revenus pour les élevages, est aussi source d’inquiétude. Avec l’ouverture des paris sportifs en ligne, avec différents sports, la part des paris sur les courses diminue d’environ 3 à 4 % chaque année. Cette baisse suscite des inquiétudes pour le financement de la filière.
Le haras des Cruchettes a été vendu à une famille qatarie. 3 haras normands sont aujourd’hui propriétés de qataris. 18 personnes travaillent au haras, qui s’étend sur 210 hectares, pour 200 chevaux. A ce jour, le haras fait de l’élevage de pur-sang arabes et anglais, pour des courses de galop sur le plat. Il poursuit également l’activité première de prélèvement de sperme et de transfert d’embryons. Des semences d’étalon sont exportées.
Une importante féminisation des métiers liés au cheval
La Maison familiale rurale de Vimoutiers est spécialisée dans la formation aux métiers du cheval, en cursus professionnel, en alternance, à partir de la troisième, pour des bacs professionnels : Bac Pro CGEA (Conduite et Gestion des Entreprises Agricoles et CGEH, Conduite et Gestion des Entreprises Hippiques ou des CAPa (agricole) Palefrenier soigneur et cavaliers d’entraînement. Le CAPa palefrenier soigneur est proposé aussi en formation pour adultes, en un an. La proportion garçons – filles est de 20 % - 80 %.
Les jeunes en formation s’orientent vers l’élevage ou l’entraînement de chevaux. Ils sont tous passionnés et passent la plupart de leurs temps libres avec les chevaux, soit pour les courses, soit pour les concours hippiques.
Une formation en alternance est exigeante en termes de rythme, en particulier dans ce monde hippique, où beaucoup de choses se passent les week-ends et la nuit, lors de la période de poulinage en particulier. Les journées sont longues, elles débutent tôt le matin, et les jeunes ne savent pas à quelle heure elles vont se terminer. D’autant qu’une partie d’entre eux est hébergée sur leur lieu de stage. Le retour à l’école n’est pas toujours facile, d’autant qu’il est parfois difficile de faire du travail scolaire pendant les périodes de stages. Les jeunes apprécient pourtant les temps à l’école, parce que même si ce n’est pas de la pratique, les enseignements sont concrets, tout est relié au monde du cheval. Grâce aux périodes de stage, ils acquièrent de l’expérience et peuvent s’apporter mutuellement en termes de pratique professionnelle.
Hors cheval, l’agriculture est aussi en évolution
La question de la transmission des exploitations
Les agriculteurs et éleveurs ont beaucoup investi pour mettre leurs exploitations aux normes, ce qui fait qu’elles sont chères. Cela pose des problèmes à ceux qui souhaitent transmettre leur exploitation. Quand celle-ci n’a pas de terrain (l’éleveur loue les prairies et champs), c’est encore plus compliqué. Des exploitations disparaissent, en particulier dans le secteur laitier. Si moins de lait est produit, les laiteries vont fermer, et le lait faire de nombreux kilomètres avant d’être transformé ou conditionné.
Le maraîchage sur sol vivant : une recherche et un partage continus
Vincent est installé comme maraîcher sur sol vivant. Ces maraîchers cherchent à comprendre ce qui se passe pour le sol si celui-ci n’est pas retourné. Un sol qui n’est pas retourné garde tout ce qui le fait vivre : vers de terre et champignons, qui meurent si le sol est travaillé : ces vers de terre et ces champignons permettent la présence du carbone qui permet aux plantes de pousser.
A la ferme de l’alliance, les terrains de départ étaient des prairies. Pour cultiver des légumes, il fallait désherber… mais sans toucher au sol : l’herbe est donc étouffée par de la paille ou des bâches.
L’agriculture en général abîme les sols : en cas de fortes pluies, les écoulements sont boueux, signe que la terre part avec l’eau. Lorsque le sol est « en forme », l’écoulement d’eau est clair.
Un réseau de paysans chercheurs s’est mis en route, qui se pose la question : qu’est-ce qu’est le vivant, le sol vivant ? Ils observent beaucoup, par exemple ce qui se passe en forêt : Sur les sols jamais travaillés, mais toujours couverts par les feuilles : les sols sont « auto-fertiles ».
Ce nouveau mode de production intéresse de nombreux jeunes qui cherchent à se former avant de s’installer. Dans l’Orne, il existe une coopérative d’activité et d’emploi agricole, Rhizome, qui permet à des personnes ayant un projet agricole (maraîchage, élevage, arboriculture, etc.) ou para-agricole (élagage, bûcheronnage) de tester leur projet. Vincent a ainsi embauché Clémentine et Julien en CAPE (Contrat d'appui au projet d'entreprise).
Le réseau maraîchage sol vivant permet aux agriculteurs installés de partager leurs connaissances, d’échanger sur les techniques testées, les soucis de ravageurs, etc. C’est un lieu de formation. Tout est en libre accès via internet, ce qui permet à des personnes de s’installer en ayant suivi les formations par des vidéos sur internet.
Cette approche est importante pour Vincent, qui avec d’autres membres du réseau a lancé un organisme de formation, nommé Ver de terre production, qui s’engage pour la transition agricole vers l’agroécologie en proposant différents canaux de diffusion du savoir et offres de service.
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Emission complète RCF Orne de 25 mn à suivre ici :